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Informations générales

Début des travaux: 1145
Achèvement: 1214
Etat: en service

Type de construction

Structure: Voûte d'ogives quadripartite
Fonction / utilisation: Cathédrale
Matériau: Structure en maçonnerie
Style architectural: Gothique
Néogothique

Prix et distinctions

Situation de l'ouvrage

Lieu: , , ,
Coordonnées: 49° 26' 25" N    1° 5' 41" E
Montrer les coordonnées sur une carte

Informations techniques

Dimensions

longueur à l'intérieur 136.86 m
longueur hors œuvre 144 m
hauteur du croisillon nord 28 m
hauteur du croisillon sud 28 m
choeur largeur 12.68 m
longueur 28 m
longueur 34.30 m
façade occidentale largeur 61.60 m
flèche centrale poids 8 000 t
hauteur totale 151 m
nef longueur 60 m
largeur de la nef 24.20 m
hauteur des voûtes du vaisseau central 28 m
hauteur des voûtes du premier vaisseau collatéral 14 m
largeur du vaisseau central 11.30 m
tour Beurre hauteur 75 m
tour de la croisée hauteur 51 m
tour Saint-Romain hauteur 82 m
transept largeur 24.60 m
longueur à l'intérieur 53.65 m
longueur hors œuvre 57 m

Matériaux

structure du bâtiment maçonnerie

Chronologie

1020

L'archevêque Robert commence la reconstruction de la cathédrale romane.

1 octobre 1063

La cathédrale est consacrée par l'archevêque Maurille en présence du duc Guillaume.
Les corps des premiers ducs de Normandie – Rollon et Guillaume Longue-Epée sont transférés dans la cathédrale.

1145

Début de la construction de la "Tour neuve" – actuelle "Tour Saint-Romain" – par l'archevêque Hugues d'Amiens. Il avait assisté en 1144 à la dédicace de l'abbatiale de Saint-Denis.

ca. 1185

L'archevêque Gautier le Magnifique fait abattre la nef romane pour reconstruire une cathédrale de style gothique.

après 1200

Reconstruction des parties détruites et continuation de la construction sous la direction de l'architecte Jean d'Andeli. Il supprime les tribunes et les voûtes qui les supportaient en conservant les baies pour donner aux collatéraux une grande hauteur et permettre un meilleur éclairage des parties basses. Le duc Jean sans Terre finance partiellement les travaux.

1ère moitié du 13ème siècle

Achèvement par Enguerran de la façade occidentale.

nuit de Pâques 1200

Incendie qui ravage la ville et endommage sérieusement la cathédrale. Les quatre premières travées de la nef étaient alors réalisées.

après 1200

Reconstruction des parties détruites et continuation de la construction sous la direction de l'architecte Jean d'Andeli. Il supprime les tribunes et les voûtes qui les supportaient en conservant les baies pour donner aux collatéraux une grande hauteur et permettre un meilleur éclairage des parties basses. Le duc Jean sans Terre finance partiellement les travaux.

1204

Le roi de France Philippe II Auguste fait son entrée dans Rouen et annexe le duché de Normandie.

1207

Le maître-autel est en place dans le chœur.

1214

Les travaux sont terminés.

1247 — 1275

L'archevêque Eudes Rigaud n'ouvre aucun chantier dans la cathédrale.

1270 — 1280

Construction des chapelles entre les culées des arcs-boutants en reculant les murs gouttereaux de la nef de 4m.
Construction partielle d'un cloître au nord: galerie orientale et amorce d'une galerie méridionale.

1280

L'archevêque Guillaume de l'Empire donne au chapitre les terrains nécessaires pour construire le portail nord – portail des Libraires. Ce portail est le symétrique du portail sud – portail de la Calende.
Réalisation de la cour des Libraires.

1302

Guillaume de l'Empire fait construire par l'architecte Jean Davi la chapelle d'axe dédiée à la Vierge donnant sur le déambulatoire.

1362 — 1388

Transformation et embellissement de la façade occidentale par l'architecte Jean Périer.

1370 — 1380

Percement de la rose de la façade occidentale.

1388 — 1398

Poursuite des travaux de la façade occidentale par l'architecte Jean de Baïeux.

1406 — 1421

Achèvement des travaux sur la façade occidentale.

1468 — 1478

L'architecte Guillaume Pontifs surélève la tour Saint-Romain d'un étage et y place une toiture en fer de hache.

1477

Guillaume Pontifs commence la construction de la "librairie" du chapitre à l'ouest de la cour des Libraires.

1479

Guillaume Pontifs réalise l'escalier des Libraires dans la cathédrale.

1484

Achèvement de la " librairie " des chanoines.

1488

Début des travaux de la tour de Beurre par l'architecte Guillaume Pontifs.

1494 — 1506

Jacques Le Roux poursuit les travaux sur la tour de Beurre. Seul le couronnement demeure inachevé.

1506

Constat de l'état de "ruine" de la partie centrale de la façade occidentale: la façade occidentale qui se déverse dangereusement.

28 janvier 1508

Exposition à l'hôtel de ville du projet de Jacques et Roulland Le Roux pour la reconstruction du portail central sur toute sa hauteur. L'architecte Roulland Le Roux, succédant à son oncle.

17 mars 1509

Décision d'abattre toute la partie centrale de la façade ouest y compris les voûtes des premières travées de la nef

18 juin 1509

Roulland Le Roux réalise le tombeau des cardinaux Georges Ier et Georges II d'Amboise dans la chapelle de la Vierge.

1514

La "Tour grêle", la flèche de bois placée au-dessus de la tour-lanterne de la croisée du transept, prend feu.

1526

Démission de Roulland Le Roux suite à des critiques sur le coût du projet.

1544

Le charpentier Robert Becquet réalise en quelques mois une nouvelle flèche au-dessus de la tour-lanterne "dans la forme antique".

1562

Pillage de la cathédrale par les protestants.

1683

Un ouragan dévaste la cathédrale.

1736

Réaménagement du chœur.

1772

Reconstruction du jubé

1796

Pillage de la cathédrale.

1822

Incendie de la flèche de la croisée du transept.

1826

Début de la reconstruction de la flèche centrale en fonte et en cuivre sous la direction de l'architecte Jean Antoine Alvoine.

1848

Les travaux de la flèche centrale s'arrêtent.

1875

Reprise des travaux sur la flèche centrale par le ferronnier Ferdinand Marrou sous la direction de l'architecte Barthélemy.

1882

Fin de la réalisation en fonte et en cuivre de la flèche de la croisée du transept qui atteint une hauteur de 151 m.

1884

Destruction du jubé.

1931

La crypte qui était située sous le chœur de la cathédrale romane est mise à jour.

19 avril 1944

Bombardement de Rouen qui endommage gravement la cathédrale.

1 juin 1944

L'incendie des quartiers voisins s'étend aux toitures de la tour Saint-Romain. Grâce au maître maçon Georges Lanfry les flammes sont maîtrisées et les premiers étaiements mis en place sous les voûtes.

24 février 1956

Inauguration des parties restaurées et du nouveau décor.

décembre 1999

Tempête du siècle: le clocheton nord-est de la tour-lanterne tombe et traverse les voûtes du chœur.

Extrait de la Wikipédia

La cathédrale Notre-Dame, officiellement cathédrale primatiale Notre-Dame-de-l'Assomption de Rouen, est le monument le plus prestigieux de la ville de Rouen. Elle est le siège de l'archidiocèse de Rouen, chef-lieu de la province ecclésiastique de Normandie. L'archevêque de Rouen portant le titre de primat de Normandie, sa cathédrale a ainsi le rang de primatiale.

C'est une construction d'architecture gothique dont les premières pierres remontent au haut Moyen Âge. Elle a la particularité, rare en France, de conserver son palais archiépiscopal et les constructions annexes environnantes datant de la même époque.

Comme la plupart des grands édifices religieux du gothique normand, la cathédrale est dotée d'une « tour-lanterne » sur la croisée du transept. La flèche en bois couverte en plomb de style Renaissance qui la couronnait fut détruite par un incendie allumé par la foudre en 1822. Elle est à présent surmontée d'une flèche en fonte, construite de 1825 à 1876 qui culmine à 151 mètres de hauteur. La cathédrale Notre-Dame de Rouen est la plus haute de France et était le plus haut bâtiment du monde au moment de son achèvement en 1876, et le restera jusqu'en 1880, détrônée par la cathédrale de Cologne (157 mètres). Elle reste néanmoins la troisième plus haute église du monde, dépassée seulement par celles d'Ulm et Cologne. Elle est également la cathédrale qui, par la largeur de sa façade occidentale de 61,60 mètres, détient le record de France.

Considérée comme « la plus humaine des cathédrales » par le manque de symétrie de sa façade occidentale, elle est mondialement connue, notamment à travers les 28 tableaux de la série des Cathédrales de Rouen, peints par Claude Monet.

Histoire

La légende de la cathédrale de Rouen

D'après la légende, dans la deuxième moitié du IIIe siècle, saint Mellon aurait implanté un lieu de culte dans une maison particulière, cédée par Præcordius. Il est reconnu qu'à cette époque existait un quartier d’habitation en ce lieu. Aux alentours de 260-280, un incendie détruit le quartier, au moment des premières incursions franques. Les logements détruits sont remplacés, peut-être par des entrepôts publics, compris entre la rue Saint-Romain, la rue du Change et la rue des Carmes.

Le groupe cathédral paléochrétien

La première mention d’un évêque à Rouen remonte à l'an 314. Mais cette date, un an après l'autorisation du culte chrétien dans l'Empire romain, semble trop précoce pour imaginer l'existence d'un édifice religieux. Par contre, quelques dizaines d'années plus tard, un sermon de l’évêque Victrice daté d’environ 395-396 sous-entend la présence d'une cathédrale dans la cité et évoque la construction d'une basilique à proximité. Saint Victrice participa au chantier. En 1986, les fouilles menées dans le périmètre de la cour d'Albane par l’archéologue Jacques Le Maho permettent de confirmer l’existence de cette basilique. Par ailleurs, en 1954, l'archéologue Georges Lanfry effectue des fouilles au niveau de la dernière travée de la nef et découvre les bases d'une crypte construites par l'archevêque Maurille de Rouen en 1063. Sous la tombe du prélat, sont également découverts des vestiges plus anciens constitués de quatre colonnettes qui sont peut-être les bases d'un ciborium préroman. Ce qui confirme l'existence d'une ancienne église bien plus petite que la cathédrale actuelle (peut-être 30 m de long et 15 m de large). Cette dernière est située à quelques mètres au nord de celle de la cour d'Albane. Ainsi, comme dans beaucoup d'autres villes métropolitaines paléochrétiennes comme Genève ou celles de l'Italie du Nord, le groupe épiscopal de Rouen se composait donc d'au moins deux basiliques.

Au Ve siècle, ces deux basiliques sont réunies par des galeries. L’introduction de la réforme de saint Chrodegang au milieu du VIIIe siècle affecte la basilique nord au chapitre canonial. C’est à cette époque que la basilique du sud se trouve dédiée à Notre-Dame.

Vers 841, les destructions occasionnées par les raids vikings et l'incendie de Rouen provoquent des dommages importants qui seront réparés par la suite. Au IXe siècle, on procéda à plusieurs réaménagements (palais épiscopal, logement canonial, ajout d’un massif occidental ouWestwerk à l'église martyriale), mais en 841, le feu allumé par les hommes du nord détruisit le groupe cathédral. L’ensemble paraît remis en état d’une façon provisoire en attendant le retour de la paix dans la région. Au Xe siècle, après le Traité de Saint-Clair-sur-Epte (en 911), Rouen devint la capitale du jeune duché de Normandie, le chef viking Rollon aurait reçu le baptême en 912 (sous le prénomRobert) dans la basilique primitive. Nécropole de la première dynastie des ducs de Normandie, la cathédrale (le premier édifice carolingien) ne fut agrandie que sous le règne de Richard Ier, ce dernier mourant en 996.

La cathédrale romane

Construction

Vers 1030, l’archevêque Robert le Danois reconstruisit le chœur dans un style roman et inséra une crypte en dessous afin d’agrandir la basilique Notre-Dame existante. La construction de la cathédrale de Rouen menée par l’archevêque Robert, tout comme celle de l’abbatiale de Bernay, jette les fondements de l’école romane normande, prototypes de l’architecture religieuse en Normandie, puis en Angleterre. Les travaux s'interrompent à la mort de l’archevêque Robert en 1037. Un autre archevêque, Maurille (1055-1067), achève le chantier ainsi que la reconstruction de la nef en 1063. Il est dit que Maurille aurait fait ériger une tour-lanterne en pierre en forme de pyramide qui aurait porté son nom. Il procède à sa dédicace le 1er octobre 1063, en présence du duc Guillaume, et des évêques suffragants Odon de Bayeux, Jean d'Ivry, Hugues d'Eu, Guillaume Flaitel, Yves de Bellême et Geoffroy de Montbray. C'est à cette époque que sont transférés dans la cathédrale les corps de Rollon et de Guillaume Longue-Épée.

Découverte archéologique de la crypte

La cathédrale romane, de plan cruciforme, présente une nef et des collatéraux « de même longueur et de même largeur que la nef actuelle ». Son élévation semble se rapprocher de celle de l’abbatiale Notre-Dame de Jumièges dont la consécration (1067) est proche. L'entreprise d'Armand Requier réalise des fouilles en 1887 pour l’installation d’un calorifère. Elles permettent de retrouver sous le dallage du croisillon nord les vestiges d'un édifice antérieur, identifié en 1896 comme appartenant à la cathédrale de Maurille par le docteur Coutan, archéologue normand, hypothèse reprise par John Bilson, archéologue anglais en 1926. Bilson souhaite compléter les relevés. Des recherches sont faites à sa demande par Georges Lanfry en septembre 1931 dans le croisillon sud, qui mettent au jour la travée occidentale du bas-côté sud de la crypte. En 1935, Georges Lanfry poursuit les fouilles de Bilson et peut dégager le plan oriental de l’église : le chœur était composé de deux travées droites et d’un hémicycle. Un déambulatoire de cinq travées faisait le tour du chœur et ouvrait sur trois chapelles absidiales, formant chacune une travée droite et un hémicycle. Il se trouvait surélevé de deux mètres au-dessus du sol du transept, sur une crypte qui suivait la même disposition. Les trois chapelles de la crypte possèdent des baies fortement ébrasées qui leur permettaient de prendre le jour extérieur. La crypte annulaire est semblable à celle de la cathédrale de Chartres. D’après les diverses fouilles, le transept était composé de la croisée, probablement surmontée d’une tour-lanterne, et de deux croisillons, comportant chacun trois travées inégales : une travée dans le prolongement du bas-côté du chœur, une travée centrale plus étroite et une travée de fond plus profonde qui ouvrait sur une absidiole à l'est. Ce plan est jugé par Bilson comme particulier à la cathédrale. Les vastes dimensions du transept semblent annoncer pour Bilson les églises anglo-normandes commencées à la fin du XIe siècle. Contrairement à l'édifice actuel, le transept de l'édifice roman ne possède pas de bas-côtés.

Georges Lanfry fournit les dimensions de cet édifice :

  • longueur du transept en œuvre : 46,50 m ;
  • largeur de la crypte avec bas-côtés en œuvre : 21,90 m ;
  • largeur de la crypte avec bas-côtés hors œuvre : 24,75 m ;
  • distance du centre de la croisée du transept au fond de l’hémicycle en œuvre : 26,20 m ;
  • distance du centre de la croisée de transept à l’extérieur de la chapelle rayonnante du grand axe : 32,90 m ;
  • longueur totale probable de l’édifice en œuvre : 98 m.

Malgré la construction de la cathédrale gothique subséquemment, la crypte qui abritait possiblement les reliques de la Vierge subsiste et peut être visitée. Le culte de Saint-Étienne est transféré dans le croisillon sud de la cathédrale avec l’introduction de la réforme grégorienne par Jean d'Ivry, qui sépare les chanoines des paroissiens. Son successeur, Guillaume Bonne-Âme, démolit le reste de la collégiale Saint-Étienne. Des fouilles réalisées en 1954 ont permis de retrouver la tombe de Maurille, qui est dite située à l’emplacement du « grand autel de l’église précédente aurait été à cet endroit » (Pommeraye), à la dernière travée de la nef, près de la croisée de transept. À la suite des résultats des différentes fouilles, une maquette de la crypte sera réalisée.

Restitution de la façade

Le sculpteur Jean-Baptiste Foucher a tenté en 1906 de restituer la façade occidentale de la cathédrale au milieu du XIIe siècle. Pour G. Lanfry, elle correspondrait davantage à la fin du siècle. Il présente trois portails romans séparés par deux contreforts plats, surmontés sur la longueur de la façade d'une frise d'arcatures aveugles en arcs brisés. Deux baies aveugles se trouvent au-dessus des portails latéraux, tandis qu'une large baie en tiers point encadrée de deux baies aveugles surmontent le portail central. L'étage est couronné de quatre clochetons. Un pignon triangulaire inscrit entre deux des clochetons termine la façade.

La cathédrale gothique

En 1144, Hugues III d'Amiens assiste à la dédicace de l'abbatiale de Saint-Denis sur l'invitation de son ami Suger. L'année suivante, il met en chantier la « Tour neuve », un beffroi à six mètres au nord de l’ancien massif de la façade romane. D'autres travaux sont authentifiés dans la cathédrale même, mais dans une lettre de 1145 dans laquelle il fait part de travaux à l'intérieur, mais sans en préciser la localisation ; néanmoins des fouilles de la crypte laissent à penser qu'il s'agissait de la décoration du chœur. Mais il aurait pu aussi s'agir de travaux concernant la chapelle nord du déambulatoire, celle-ci devenant lieu où repose la dépouille d'Hugues d'Amiens. Achevée en 1164, latour Saint-Romain introduit l’art gothique pour la cathédrale de Rouen. Vers 1170, la façade principale est refaite, percée de trois portails : un central dédié à saint Romain (aujourd'hui disparu) et deux latéraux dédiés à saint Jean et saint Étienne. Les travaux continuent avec la démolition de la nef romane et l’élévation des premières travées de la nef, commencée vers 1185 par l’archevêque Gautier de Coutances. Le transept et le chœur encore debout restent ouverts au culte. La nuit de Pâques 1200, un incendie détruit le quartier de la cathédrale, mais épargne la tour nouvellement construite, la façade et les nouvelles travées de la nef.

L’archevêque Gautier lance les travaux pour relever la cathédrale, notamment grâce aux dons de Jean sans Terre. L’allongement du chœur est envisagé, la crypte est arasée et comblée. En 1204, Philippe II Auguste assiste à la célébration dans la nef reconstruite. Le chœur de la cathédrale devait être utilisable en 1206 car c’était l’année de la consécration de l’évêque de Bayeux Robert des Ablèges. Dès 1214, Enguerran, qui a succédé à Jean d’Andely, travaille sur la chapelle axiale. La construction du chœur est en cours en 1220. La nef est achevée entre 1234 et 1237 avec la dernière clef de voûte signée du maçon Durand. Vers 1237, la cathédrale semble être achevée lors de la consécration de l’archevêque Pierre de Colmieu et la vente de la maison qui abritait Jean d'Andely et Durand.

Vers 1265/1275, des chapelles sont ajoutées aux bas-côtés de la nef sous la pression des confréries et corporations. Le mur gouttereau est détruit et reconstruit quatre mètres plus loin, entre les culées des arcs-boutants. En 1280, Guillaume de Flavacourt concède l’espace entre le transept nord et la rue Saint-Romain. Cette cession a permis la réalisation du portail des Boursiers (actuel portail des Libraires), précédé d'une avant-cour. Un portail est réalisé au sud du transept : le portail de la Calende. Ses deux réalisations sont l’œuvre de Jean Davy. Les deux tours qui encadrent les portails, lesquels à l'origine devaient être coiffés de flèches, ne seront jamais réalisés. C’est à cette période qu’est construit un cloître dans la cour d’Albane, dont seule la galerie orientale surmontée de vastes salles et l'amorce de la galerie méridionale sont réalisés. La cour d’Albane vient d’un collège fondé au XIIIe siècle par l’archevêque Pierre de Colmieu, nommé par la suite cardinal-évêque d’Albano. En 1302, Guillaume de Flavacourt décide la réalisation sur un plan plus vaste d’une nouvelle chapelle axiale dédiée à la Vierge.

Les travaux sur la façade occidentale reprennent à partir de 1370, pour se terminer vers 1450. C’est alors qu’une série d’arcatures sont construites et remplies de plus de 60 statues. Ce parti de remplir la façade de statues semble être une inspiration anglaise, comme il peut être vu à Wells, Lichfield ou Salisbury, œuvres de Jean Périer, poursuivie par Jean de Bayeux et Jenson Salvart. Jenson Salvart remplace les fenêtres hautes de la cathédrale afin d’y apporter davantage de lumière. Les nouveaux vitraux sont l’œuvre de Jehan de Senlis.

Guillaume Pontifs, qui devient maître-d'œuvre de la cathédrale en 1462, poursuit le travail de Jenson Salvart et Geoffroi Richier dans le réaménagement du fenestrage du croisillon nord du transept. Il achève également la tour Saint-Romain par la réalisation d’un étage haut, couvert d’un toit en hache aux pans d'ardoise incurvés, de 1468 à 1478. Elle abritait neuf cloches, auxquelles se sont ajoutés en 1467 laMarie d’Estouteville et en 1470, laGuillaume. La présence de ces nombreuses cloches y a donné le surnom de la « tour aux onze cloches ». De 1477 à 1479, il reprend complètement la librairie des chanoines (bibliothèque du chapitre) réalisée par Jenson Salvart, et construit l’« escalier des Libraires » qui permet son accès depuis le transept de la cathédrale, en 1479. L’avant-portail de la cour des Libraires est achevé en 1484.

La façade occidentale, visuellement déséquilibrée par la présence unique de la tour Saint-Romain, Guillaume Pontifs commence fin 1485 une tour au sud de la façade, latour de Beurre, sous l'archiépiscopat de Robert de Croismare. Elle est financée par les aumônes versées pour compenser le droit d’user de laitages lors du Carême.

De la Renaissance à la Révolution

Vue de la cathédrale de Rouen en 1525 par Jacques le Lieur dans le Livre des fontaines. Cathédrale après l'incendie de la « tour grêle », miniature du Maître des Heures Ango dans leRecueil des Chants royaux de Rouen, vers 1530-1535. La cathédrale vue depuis la Haute Vieille Tour avant 1822, dessin de Capt' Batty.

Jacques Le Roux achève la tour du Beurre en 1506. Seul le couronnement de la tour reste inachevé. À sa base vient s’établir la paroisse Saint-Étienne en février 1497. La réalisation de la tour désordonne beaucoup la façade. Des fissures apparaissent et la rose de Jean Périer réalisée vers 1370 menace de se ruiner. Elle cause la reconstruction du portail central entre 1508 et 1511 par Roulland Le Roux. Le décor du portail et de son tympan est confié à Pierre des Aubeaux.

La flèche gothique d’origine, dite « l’aiguille » ou « tour grêle » du XIIIe siècle, subit un incendie le 5 octobre 1514. L’année suivante, Roulland Le Roux consolide la tour-lanterne, et y rajoute un étage en prévision d'une nouvelle flèche. Son projet d'une flèche en pierre est refusée. Le charpentier darnétalais Robert Becquet réalise une flèche en bois en forme de pyramide, recouverte de plomb doré, du style Renaissance. Commencée en 1538, achevée en 1557, elle culmine à 135 mètres de haut.

La cathédrale est saccagée par les huguenots en 1562. Les statues manquantes sont un témoignage de cette période troublée. Les tombeaux du duc de Bedford et du cardinal d'Estouteville sont détruits, les statues de saints et d’archevêques sur la façade sont décapitées.

En 1683, un ouragan dévaste la façade occidentale, détruit la rosace et renverse trois des quatre tourelles du couronnement qui crèvent les voûtes et ruinent l’orgue. Un don de Louis XIV permet de restaurer ce qui a été détruit.

En 1736, le chapitre de la cathédrale entreprend de surélever le chœur et dégager les tombeaux qui l’encombrent, comme pour la chapelle de la Vierge. Le chœur est doté d’un nouveau maître-autel, œuvre de Cartault livrée le 14 décembre 1734. Le trumeau du portail central est détruit pour laisser un passage au dais processionnel. La clôture de cuivre jaune qui entourait le chœur depuis 1526 est remplacée par des grilles de cuivre doré. Le jubé du XIIIe siècle disparaît en 1772 ; il est remplacé en 1775 par un jubé classique en marbre, œuvre de l’architecte Guillaume-Martin Couture.

Après 1789

Lors de la Révolution française, la cathédrale devient le temple de la Raison. Les cloches sont brisées et laGeorges d’Amboise fondue. La Révolution conserve convenablement la cathédrale par l’utilisation de la chapelle de la Vierge comme grenier à foin, tandis que le reste de l’édifice a servi de salle de concert. Elle retrouve son statut de cathédrale en 1796.

La foudre frappe le 15 septembre 1822, brûlant la flèche de style Renaissance. L’architecte Alavoine propose la construction d’une flèche en fonte dans le style gothique. Commencée en 1825, elle est achevée en 1884 avec la pose de quatre clochetons en cuivre, œuvres de Ferdinand Marrou, en suivant des dessins de Barthélémy. Diverses campagnes de restaurations sont entreprises au cours du XIXe siècle, menées par Alavoine, Barthélémy, Desmarest et Sauvageot. Elles se poursuivent au XXe siècle avec Chaîne, Colin et Auvray.

Au cours du XIXe siècle, différents travaux ont été réalisés pour valoriser la cathédrale. Le 26 novembre 1792, le mur d’enceinte qui clos le parvis est démoli. Au fur et à mesure, les travaux sont interdits sur les maisons qui jouxtent la cathédrale. Deux maisons en 1822 sont détruites à la suite de l’incendie et de la chute de la flèche, leur reconstruction est refusée. En 1851, le préfet signale au ministre « les inconvénients qui résultaient pour cet édifice du voisinage des maisons et échoppes qui y sont adossées ». Le ministre lui répond qu’il « paraît convenable et même nécessaire de dégager un édifice, tel que la cathédrale de Rouen, des constructions parasites qui l’obstruent » ; réponse complétée, après un incendie en 1855 au pied de la tour Saint-Romain, par son désir de « dégager un monument aussi précieux ». Un décret d’utilité publique est signé le 30 juillet 1861 en vue de l’expropriation des immeubles attenants à la cathédrale. Ainsi, sont démolies toutes les constructions touchant la cathédrale, que ce soit la rue du Change et rue des Bonnetiers au sud, ou la rue des Quatre-Vents et rue Saint-Romain pour la cour d’Albane au nord. Seule, lamaison de l’Œuvre attenante au cloître des chanoines est rescapée de cette opération.

De la Seconde Guerre mondiale à nos jours

Un incendie touche la charpente du bas-côté sud le 9 juin 1940 après l’incendie du quartier compris entre la cathédrale et la Seine. Dans la nuit du 18 au 19 avril 1944, la cathédrale est éventrée par sept torpilles dont une, tombée dans le chœur, n’explosera pas. Les bas-côtés de la nef et les chapelles du collatéral sud, sauf une, sont détruites. De plus, un des quatre piliers soutenant la flèche est gravement endommagé. Le pilier sera rapidement renforcé et étayé par l’entreprise Lanfry, pour empêcher la flèche de s’abattre sur l’ensemble de la structure. La nef restera debout grâce aux arcs-boutant de la chapelle Sainte-Catherine qui l’ont soutenue à eux seuls. Le souffle des explosions éventre les grandes roses du transept et de la façade occidentale. Lors de la semaine rouge, le 1er juin, la tour Saint-Romain s'enflamme, causant la chute des cloches. L’incendie se propage aux bas-côtés, à la nef, jusqu'à la cour des Libraires.

Les travaux de restauration sont menés par Albert Chauvel, architecte en chef des monuments historiques, des architectes Franchette et Grégoires et de l'entreprise de Georges Lanfry. Après déblaiements et consolidations, la restauration se met en place. La cathédrale est finalement rouverte, ainsi que le nouveau maître-autel consacré par l'archevêque Martin le 17 juin 1956 en présence de René Coty.

Des travaux de restauration permettent à la tour Saint-Romain de retrouver sa toiture en hache couverte d'ardoises en 1987.

Le 26 décembre 1999, la tempête fait chuter le clocheton nord-est qui perce les voûtes du chœur. L'écrasement au sol des voûtes du chœur et de la pointe du clocheton détruit une partie des stalles du XVe siècle. Une première phase de travaux d'urgence, lancée par la Conservation régionale des Monuments historiques et l'architecte des Bâtiments de France, a permis d'étayer les voûtes percées et déstabilisées, reconstruire l'arc doubleau et des voûtains, ainsi que raccommoder les fissures. Cette étape s'est achevée au début de l'été 2000.

Une deuxième phase, commencée en 2010, doit permettre la reconstruction du clocheton détruit et la remise en état des charpentes, couvertures et arcs-boutants. Pierre-André Lablaude, architecte en chef des Monuments historiques, prévoit la restauration des trois clochetons encore en place et la reconstruction du clocheton disparu. Le coût de cette opération, entièrement financée par l'État, est estimé à 7 600 000 euros.

Déposés après les bombardements de 1944, les tableaux (propriétés de l'État) qui ornaient l'ensemble de la cathédrale retrouvent leur place depuis les années 1970 après un programme de conservation-restauration. Neufs tableaux, restaurés pour un coût de 96 073 euros, ont ainsi été reposés dans la cathédrale, parmi lesquels se trouvent les toiles deSaint Jean-Baptiste au désert et laMort de saint Joseph, rapportés d'Avignon par Frédéric Fuzet. Il reste aujourd'hui encore quelques tableaux toujours en réserve qui attendent d'être remis en place.

Depuis le 30 mai 2015, les travaux de restauration de la façade occidentale sont achevés et les échafaudages retirés, permettant d'apprécier pour la première fois depuis de nombreuses années la façade nettoyée et libérée de tous échafaudages.

De nouveaux échafaudages sont élevés à la fin 2015 au-dessus du chevet. Les travaux concernent la restauration des charpentes et couvertures du chœur (hors décors), des élévations des parties hautes nord, sud, est et du chevet, des décors de la couverture du chœur ainsi que des voûtes du chœur. Les travaux, financés par le ministère de la Culture et de la Communication pour un montant total de 4 725 000 €, sont prévus en six tranches sur 74 mois. Les travaux sont sous la direction de l'architecte en chef des Monuments historiques Richard Duplat. La première tranche de 12 mois, d'un montant de 1 150 000 €, concernera « la révision et la réparation de la charpente actuelle conservée du haut comble du chœur selon ses dispositions établies en 1823, puis son rehaussement pour rétablir son volume antérieur de 1539 », « la réfection en plomb de la couverture du chœur, à l'identique de celle du vaisseau principal de la nef, dans ses dispositions des XVe et XVIe siècles, avec rétablissement des trois lucarnes de versants et de croupe » et « la réparation des arases en pierres endommagées par la chute d'un clocheton de la flèche en 1999 ».

La Direction régionale des Affaires culturelles poursuit les travaux de restauration de la cathédrale. En 1974, des travaux de consolidation de la flèche sont entrepris par Eiffel par la mise en place d'un tabouret et le renforcement par doublement interne de la flèche en fonte par une structure de 300 T en acier Corten .

Mais le programme n'est pas conduit à son terme. En 2009, des études sont réalisées pour la restauration définitive de la flèche. Le projet, qui commence en 2016 et doit s'achever en 2022, est divisé en 7 tranches. Il est financé par le ministère de la Culture et de la Communication pour un montant total de 14 500 000 €. Cette opération comprend la restauration des éléments de structure et de décor en fonte, la restauration de la structure en acier Corten,

la réfection des liaisons d'assemblage entre les deux structures, la protection de la flèche par peinture de la structure en Corten en gris ou vert clair et des éléments en fonte en vert de gris selon la teinte d'origine, la couverture en cuivre de la dalle du tabouret au pied de la flèche et une mise en valeur par l'éclairage de l'ensemble.

Au cours de l'année 2015, des travaux de mise en accessibilité de la cathédrale ont été réalisés. Il a ainsi été réalisé des rampes pour l'accès au baptistère et au portail des Maçons.

Les maîtres-d'œuvre et architectes

Cathédrale de Rouen vue de l'Opéra de Rouen. Les différents maîtres d'œuvre connus à partir de la reconstruction de la cathédrale après son incendie en 1200 Maîtres-d'œuvre et architectes Période Réalisations Jean d'Andely Enguerran ... - 1214 Durand Il pose la dernière clef de voûte de la nef Gauthier de Saint-Hilaire 1251 Jean Davy 1278 Il réalise les portails sud et nord du transept et peut-être la chapelle de la Vierge Guillaume de Bayeux et Jean Vassal 1359 Jean Périer 1362 - 1388 Il travaille au tombeau du cœur de Charles V et réalise en 1370 le grand portail occidental avec sa rose Jean de Bayeux 1388 - 1398 Jenson Salvart 1398 - 1447 Il refait en 1407 la décoration du grand portail et agrandit les fenêtres hautes du chœur en 1430. Jean Roussel 1448 - Geoffroi Richier 1451 - 1462 Il réalise la fontaine de l’aître de la cathédrale Guillaume Pontifs 1462 - 1496 Il décore le portail de la Calende, réalise les fondements de la tour Saint-Romain en 1463, la bibliothèque en 1477, la clôture du chœur et de la sacristie en 1480 et la tour du Beurre à partir de 1487. Jacques Le Roux 1496 - 1508 Il achève la tour du Beurre. Roulland Le Roux 1508 - 1526 Architecte du grand portail, il participe également à la réalisation du tombeau d'Amboise. Simon Vitecoq 1526 - 1548 Il décore l'extérieur de la chapelle de la Vierge Pierre Vitecoq 1548 - Guillaume Tourmente 1595 - 1611 Noël Dyvetot 1624 - 1653 Guillaume Gravois 1654 Jacques Pochon 1684 Jacques Gravois 1702 de La Motte 1734 Jacques Cécile 1734 Guillaume-Martin Couture 1775 Il réalise le jubé. Cartaud Il réalise le maître-autel. Jean-Antoine Alavoine 1822 - 1834 Il réalise la flèche de la tour-lanterne. Edmond Dubois et Alexandre Pinchon 1834 - 1848 Jacques-Eugène Barthélémy et Louis-François Desmarest 1850 - 1868 Ils restaurent le portail des Libraires (1850-1857), la chapelle de la Vierge (1857-1860), l'avant-portail des Libraires (1858-1862), le portail des Calendes et réalisent d'autres travaux (1861-1868). Louis Sauvageot 1894 - 1904 Il restaure le grand portail occidental. Henri Chaine 1904 Il restaure le grand portail et la tour Saint-Romain. Albert Chauvel Reprise des piles fragilisées, reconstruction du bas-côté sud. Yves-Marie Froidevaux Il restaure la flèche de la tour-lanterne. Pierre-André Lablaude ... - 2012 Il restaure la façade occidentale et les clochetons de la tour-lanterne. Richard Duplat 2012 - Il restitue la charpente et la couverture du chœur et restaure la flèche de la tour-lanterne.

Protections au titre des monuments historiques

Située dans le secteur sauvegardé de la ville, la cathédrale, qui comprend également le cloître et les bâtiments du chapitre, fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques par la liste de 1862. L'archevêché, plus précisément l'ancien hôtel d'Estouteville et la cour de la maîtrise Saint-Évode, fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis le 6 février 1909. La Maison de l'Œuvre fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis le 17 novembre 1927. Les vestiges archéologiques de l'ensemble archiépiscopal et des édifices qui l'ont précédé, y compris ceux de l'ancienne église de la Madeleine, et les sols de la cour des Maçons et ceux de la cour d'Albane, jusqu'à l'alignement repris sur le cadastre napoléonien le long de la rue Saint-Romain, font l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis le 10 mai 1995.

Dimensions

Plan de la cathédrale de Rouen, issu duDictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XVIe sièclepar Eugène Viollet-le-Duc en 1856.

Les dimensions figurant dans ce tableau ont été relevées sur place en 1977.

Longueur totale hors œuvre 144 m Longueur totale dans œuvre 136,86 m Largeur totale de la façade occidentale 61,60 m Hauteur de la tour Saint-Romain 82 m Hauteur de la tour de Beurre 75 m Longueur de la nef (11 travées) 60 m Largeur totale dans œuvre sans les chapelles 24,20 m Largeur de la nef d'axe en axe des piliers 11,30 m Hauteur sous voûte de la nef 28 m Largeur des bas-côtés au nord (moyenne) 6,20 m Largeur des bas-côtés au sud (moyenne) 6,70 m Hauteur des bas-côtés 14 m Profondeur des chapelles latérales au nord 3,15 m Profondeur des chapelles latérales au sud 3,50 m Longueur hors œuvre du transept 57 m Longueur dans œuvre du transept 53,65 m Largeur du transept (bas-côté compris) 24,60 m Hauteur des croisillons 28 m Hauteur sous voûte de la tour-lanterne 51 m Hauteur totale de la flèche 151 m Longueur du chœur 34,30 m Largeur du chœur 12,68 m Hauteur du chœur 28 m Largeur du déambulatoire (variant de 6,32 m à 6,40 m) 6,35 m Longueur de la chapelle de la Vierge 24,71 m Largeur de la chapelle de la Vierge 8,80 m Hauteur de la chapelle de la Vierge 19 m

Matériaux de construction

L'essentiel de la construction est en pierre de taille, principalement de la craie du Crétacé. C'est une roche typique de cette partie de la région. La craie est une pierre calcaire bien blanche, tendre, au grain très fin et homogène, facile à travailler et à sculpter. Elle explique bien le déploiement de fantaisie décorative de cette cathédrale. Mais c'est aussi une pierre gélive qui résiste assez mal au temps. La craie contient des silex très durs qui dépassent parfois des pierres taillées et des sculptures. Cette craie est issue de deux provenances distinctes dans le val de Seine: la pierre de Caumont, assez proche de Rouen en aval, datant du Coniacien (- 88 millions d'années), puis la pierre de Vernon, plus éloignée en amont, datant également du Coniacien. La pierre de Vernon était très réputée à la fin du Moyen Âge et exportée loin, elle se démarque par une meilleure solidité et résistance face à l'érosion, tout en restant aussi remarquable que les autres craies par sa finesse et sa blancheur.

Quelques parties tardives de la cathédrale, et notamment la tour de Beurre, sont construites en calcaire lutétien (Tertiaire, - 45 millions d'années). On le distingue facilement de loin à sa couleur plus jaune qui le différencie de la craie. Ce calcaire lutétien a été importé des carrières de Saint-Leu-d'Esserent (la pierre de Saint-Leu) dans l'Oise. Cette pierre assez tendre et relativement fine (comparée à d'autres calcaires lutétiens), mais assez résistante au temps, permet aussi la sculpture et les décors flamboyants. On la retrouve également pour un certain nombre de statues qui ornent la cathédrale.

Les restaurations du XIXe siècle ont également employé des calcaires lutétiens de l'Oise, comme la pierre de Saint-Maximin (semblable à la pierre de Saint-Leu) et le vergelé. Les réfections, ainsi que la reconstruction après la Seconde Guerre mondiale, ont nécessité de rouvrir une carrière de craie blanche à Vernon, mais celle-ci étant en galerie souterraine, l'exploitation épisodique est aujourd'hui difficile. L'ensemble de l'édifice est pavé en calcaire jurassique blanc et dur de Tonnerre et les restaurations ont été faites également avec cette pierre de Tonnerre ou de la pierre de Vaurion.

Extérieur

Le parvis

La place de la Cathédrale est située au centre du castrum gallo-romain du IVe siècle, au croisement ducardo (actuelle rue des Carmes) et dudecumanus (axe de la rue du Gros-Horloge). LeLivre des Fontaines de Jacques Le Lieur permet d'imaginer cette place vers 1525. En 1641, des croix de pierre sont installées aux deux extrémités du parvis. Elles seront abattues à la Révolution en même temps que les murs qui fermaient la place, qui avaient été élevés en 1537, sur délibération du conseil du 23 novembre 1792. Le parvis est clos avec en son centre une fontaine. Cette fontaine, construite en 1450 est supprimée en 1856. À la fin du XVIIIe siècle, le cimetière paroissial est supprimé. En 1793, la place prend le nom deplace de la Raison et en 1795place de la République avant de reprendre son ancien nom. Les bornes en fonte qui entourent le portail sont installées en 1823.

Alentour, les maisons avec des avant-soliers coexistent avec de nouvelles constructions comme le bureau des Finances. Les anciennes maisons au nord de la place sont détruites et sont remplacées par l'immeuble dela Mutuelle-Vie en 1899. Subissant des dommages pendant la Seconde Guerre mondiale, l'immeuble est finalement détruit en 1972. Le 30 mai 1976, lepalais des Congrès, réalisation de l'architecte rouennais Jean-Pierre Dussaux, est inauguré par le maire de Rouen Jean Lecanuet. Fermé pour des raisons de sécurité en 1996, il est détruit en 2010.

Cette place fait face à l'ancien Bureau des Finances, remarquable pour ses façades sur rue et sur cour et ses toitures, qui fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis le 20 août 1928. Construit de 1509 à 1540 à la demande du cardinal Georges d'Amboise, il s'agit du plus ancien monument Renaissance subsistant à Rouen, occupé depuis 1959 par l’office de tourisme de la ville. À côté, se trouve la Grande pharmacie du Centre, dans un immeuble style Art déco et ses ferronneries d’art de Raymond Subes.

Au nord de la place se trouve l'ancien Palais des Congrès qui laisse place à l'Espace Monet-Cathédrale, projet de l'architecte Jean-Paul Viguier et à la valorisation de l'hôtel Romé. Au sud se trouve la sortie du tunnel Saint-Herbland et du parking souterrain de l'Espace du Palais.

La tour Saint-Romain

La tour nord (tour Saint-Romain), qui est la partie la plus ancienne de la façade (XIIe siècle, premier gothique), était, à l'origine, couronnée d'une flèche en pierre. Après la démolition de celle-ci, un autre niveau en style gothique flamboyant fut ajouté et doté d'un toit en charpente dit « en hache ». Très vraisemblablement, cette tour fut isolée de la cathédrale et servit de tour défensive avant d'être intégrée à la façade de la cathédrale.

Son édification débute vers 1145, lorsque l'archevêque Hugues d'Amiens décide de remplacer la cathédrale romane. Son soubassement est totalement aveugle sur le parvis. Au-dessus se développent quatre niveaux de baies qui s'agrandissent progressivement jusqu'aux baies géminées des abat-son. Son dernier étage, construit après le départ des Anglais entre 1468 et 1478, se démarque par l'utilisation d'un style gothique flamboyant sur l'ensemble plus rude du premier gothique. La partie est de la tour accueille une tourelle carrée qui renferme l'escalier à vis qui donne accès aux étages.

La maison du carillonneur, qui était accolée à la tour Saint-Romain, est détruite le 19 avril 1944. La tour Saint-Romain brûle le 1er juin 1944, à la suite du bombardement allié du 31 mai. La fumée commence à s'élever vers 19 h. À 19 h 25, les deux croix du sommet s'écroulent en même temps que la charpente du toit. Les cloches ont fondu sur le sol du premier étage qui n'a pas cédé. Seuls les murs sont restés debout. Le fameux toit en « hache » recouvert d'ardoises et décoré de quatre soleils d'or n'a été restitué qu'à Pâques de l'année 1987. Au pied de la façade nord de la tour se trouve une porte romane à colonnes prismatiques en pierre noire. Dans son embrasure est logée la statue d'un prophète, issue de la façade occidentale.

La tour de Beurre

La tour sud est beaucoup plus récente puisqu'elle date du début du XVIe siècle ; la première pierre est posée en 1485, le 10 novembre, par Mgr Robert de Croismare, les travaux étant commencés par Guillaume Pontif, maître d’œuvre. En 1496, Guillaume Pontif est remplacé par Jacques le Roux qui achève la tour en 1506. Elle est « couronnée », ce qui est caractéristique du style flamboyant, dite « de beurre », parce qu'elle a été financée avec les indulgences de carême, c'est-à-dire que des fidèles riches s'achetaient le droit de consommer du beurre et autres laitages pendant le carême tout comme à la cathédrale de Bourges où existe également une tour de beurre. Une autre explication à cette dénomination est que cette tour est d'une teinte plus jaune (calcaire lutétien de Saint-Leu, dont la couleur pourrait faire penser que la tour a été sculptée dans une motte de beurre) que le reste de la maçonnerie en pierre blanche de Caumont et de Vernon. Elle n'est construite qu'à partir de 1485 et le chapitre de la cathédrale connut de houleux débats entre les « anciens » et les « modernes » pour décider qui des partisans d'une flèche ou d'une couronne l'emporterait. Finalement les seconds l'emportèrent. Sa construction qui coûta 24 750 livres tournois était destinée à équilibrer au sud le volume de la tour Saint-Romain. Elle se compose de quatre niveaux qui suivent un plan carré et d'un couronnement octogonal ponctué de pinacles.

L'immense cloche de la tour est fondue en 1501, elle prend le nom de son mécène, Georges d'Amboise.

La tour de Beurre a inspiré la construction d'un célèbre building de Chicago, la Tribune Tower, en 1923-1925.

La façade occidentale

Le rythme de la façade est donné par les quatre tourelles et leurs flèches ajourées, centrées sur l'axe du portail Notre-Dame. Les deux portails des bas-côtés, d'un style gothique primitif (se rapprochant encore du style roman) datent approximativement entre 1170 et 1180. Cependant leurs tympans n'ont été ajoutés qu'à la première moitié XIIIe siècle. Les tympans des portails sont historiés. Le porche principal est le dernier élément gothique adjoint à la cathédrale pour renforcer la façade qui avait été mise à mal par la construction de la tour de Beurre ; l'ancien portail principal (XIIIe siècle) était dédié à saint Romain. La rosace au-dessus est la quatrième à cet endroit, la présente date de l'après-guerre. Des deux côtés, des niches accueillent des statues, alignées dans une galerie répartie dans trois fenestrages au sud et dans une autre galerie avec quatre fenestrages au nord. Ces galeries sont uniques en France, mais communes en Angleterre, ce qui suggère une influence britannique. La partie supérieure de la façade est décorée de gables gothiques de style rayonnant alternativement pleins et ajourés(les quatre gables entourant la rose de la façade, œuvres de Jean Périer, entre 1386 et 1387 - ces gables sont décorés de quadrilobes ; les deux gables proches, encore quadrilobés mais différents des quatre précédents, de la tour Saint-Romain sont attribués à Jehan de Bayeux et sont construits entre 1388 et 1398) et un gable gothique flamboyant (fenestrages proches de la tour de Beurre - l'auteur est inconnu, mais des archéologues penchent soit pour Jehan de Bayeux soit pour Jenson de Salvart). Le sommet de la façade est achevé par quatre pyramides (des sortes de pinacles), dont deux ne sont pas antérieures au début du XXe siècle.

Le portail Saint-Jean

Le portail Saint-Jean au nord est le seul tympan qui soit intact parce qu'il a connu plusieurs campagnes de restauration dès 1769. Le tympan, divisé en deux parties, représente des évènements des vies de saint Jean Baptiste et de saint Jean l'Évangéliste. La partie supérieure représente le « Mystérieux passage » de Saint-Jean l'Évangéliste. Le registre inférieur, de gauche à droite, raconte le festin d'Hérode, la danse de Salomé et la décollation de saint Jean-Baptiste.

Entre l'arc brisé et l'arc de décharge, dans le tympan haut du portail, se trouve le Baptême du Christ au centre et des détails de la vie de saint Jean en ombres chinoises. Cette technique de décoration, très originale, est un motif de « pierre de découpe », sur fond de fleurs de lys à l'origine dorées.

Le portail Notre-Dame

Le portail central et le portail Saint-Étienne sont endommagés et cela depuis les guerres de religion, époque où les calvinistes, nombreux à Rouen, ont décapité et mutilé les statues de presque toutes les églises de la ville, en détruisant également le mobilier et les tombes à l'intérieur des édifices. Cependant, on reconnaît sur le tympan du portail Notre-Dame un arbre de Jessé qui constitue une des rares représentations de ce thème dans la pierre. Cette réalisation du Rouennais Pierre des Aubeaux, sculptée en 1512-1513, a souffert des dégâts causés par les huguenots en 1562, et a été restaurée en 1626 par Nicolas Gugu ou Cucu. Les voussures, de l'intérieur vers l'extérieur, sont agrémentées de statues de patriarches, de sibylles et de prophètes. Les portes ont été réalisées en 1512 par Nicolas Castille. L'étagement du portail est constitué d'un premier grand gable recoupant une galerie, la grande rose en retrait et une seconde galerie dite du « Viri Galilei ».

Le portail Saint-Étienne

Saint Étienne est méconnaissable sur le portail du même nom au sud. Son tympan, comme pour celui Saint-Jean est divisé en deux parties : un Christ en majesté dans une mandorle qui accueille fidèles et pèlerins car il n'a pas été mutilé par les protestants, et dessous la lapidation de saint Étienne ; cette partie inférieure, outre les actes iconoclastes des protestants (surtout pendant la première guerre de Religion, avant l'arrivée de l'armée d'Élisabeth Ire à la fin de septembre 1562) des restaurateurs supprimèrent certains personnages de la scène du martyr de saint Étienne pour mettre en évidence le linteau de la porte. La configuration du tympan (le Christ glorieux dans les cieux, entouré d'anges, sur la partie supérieure, et Étienne lapidé par ses bourreaux en présence de Saul) illustre le récit du martyr de saint Étienne « Je vois les cieux ouverts et le Fils de l'homme debout à la droite de Dieu » (Actes des Apôtres, chapitre 7, verset 56). Au-dessus du tympan est raconté laCueillette des âmes.

Le portail Saint-Siméon

Il est construit au XIIIe siècle sur la 8e travée du collatéral sud, au moment de la construction des chapelles entre les arcs-boutants. Également appelé « porte des Maçons » ou « porte aux Machons », il donnait sur un jardin de la rue du Change nommé la « loge des maçons de la cathédrale » ou « aître Saint-Étienne ». Il a remplacé un portail avec porche qui se trouvait au niveau de la 7e travée du bas-côté sud. Masqué par des maisons, celles-ci sont détruites au cours du XIXe siècle, dont la dernière, la bijouterie Noël Sanguin, adossée à la tour du Beurre est démolie en 1895. Le portail est détruit dans la nuit du 18 au 19 août 1944. Son tympan représentait la présentation de la Vierge et de Jésus au Temple. Des travaux de mise en accessibilité de la cathédrale en 2017 ont été l'occasion de nettoyer le portail et restituer l'encadrement de la porte.

Les portails du transept

Le portail des Libraires comme celui de la Calende, est surmonté d'un arc en tiers-point à voussure sculptée au-dessus duquel un gable se détache de la claire-voie vitrée. La rose est surmontée d'un grand gable. Les tours carrées qui encadrent les bras du transept largement évidées, construites au XIIIe siècle, devaient porter des flèches de pierre jamais réalisées.

Le portail des Libraires

Ce portail, ouvert sur le croisillon nord du transept, a changé d'appellation au fil du temps. Sa première appellation, « portail de la Vierge », provient duLivre d'ivoire vers 1300. Il prend ensuite le nom de « portail des boursiers » du fait que la douzaine d'échoppes qui donnent sur la cour dite des Libraires aujourd'hui étaient occupées au XIVe siècle par des artisans exerçant ce métier. Il prend finalement le nom de « portail des Libraires » du fait de l’installation des libraires dans les échoppes de la cour ou plutôt du fait d'être encadré par la librairie qui désignait au Moyen Âge et à la renaissance encore, la bibliothèque, alors que les marchands de livres se nommaient les « libratiers », une confusion de termes se serait produite par la suite.

Le tympan du portail développe le Jugement dernier sur deux niveaux : la résurrection des morts sortant de leurs tombeaux avant la séparation des justes et des damnés. La partie supérieure, qui n'a jamais été sculptée, devait accueillir un Christ en majesté.

Les voussures sont peuplées d'anges, d'apôtres et de martyrs. Les vierges sages et les vierges folles encadrent la grande rose jusqu'à la base du gable du grand portail.

Le meneau central supporte dans une niche abritée sous un dais une statue de Saint-Romain, retaillée au XIXe siècle.

Le soubassement est constitué de médaillons dans des quadrilobes qui racontent pour sa partie supérieure la Genèse de la Création au meurtre d'Abel par Caïn, tandis que la partie inférieure est composée de personnages fabuleux et fantastiques. Le parti d'orner les quadrilobes, inscrits dans les fenestrages à redents des ébrasements, de petites scènes ou de grotesques, est presque unique en France, seules la cathédrale de Lyon, l'abbaye Saint-Ouen de Rouen et la grande chapelle du palais des Papes à Avignon, disposent également de cette alliance entre sculpture et architecture.

On suppose que l'ensemble des sculptures était peintes au XIIIe siècle comme le montrent des traces de couleur sur une statue provenant des parties hautes du portail.

Le portail de la Calende

L'origine du nom serait due aux réunions ecclésiastiques qui avaient lieu au moment des Calendes, et qui se tenaient dans une maison sur la place devant la façade. Le nom de « portail de la Calende » est connu depuis le XVe siècle. Ce portail, ouvrant sur le croisillon sud du transept, a également porté le nom de « portail aux degrés », nom lié à l'emmarchement nécessaire pour y accéder depuis la place. Sa construction a été possible grâce au financement d'un riche bourgeois de Harfleur, Jean Gorren.

Viollet-le-Duc a dit de ce portail que « c'est un chef-d'œuvre d'une école de constructeur et d'appareilleurs, qui n'avaient pas alors son égale en France ».

Réalisée en pierre de Vernon, et par la délicatesse de ses éléments sculptés, une première intervention est attestée au XVIe siècle. L'essentiel des restaurations se déroulera de 1861 à 1868. La Seconde Guerre mondiale cause peu de dégâts, à part la vitrerie et la rose du XIXe siècle.

Le portail dispose d'un tympan sculpté qui développe sur trois niveaux le « mystère pascal », la Passion et la rédemption de l'humanité. Le registre médian traite de la Passion au gauche et de la mise au tombeau à droite. Le registre supérieur représente la crucifixion alors que le registre inférieur traite de la Résurrection et de l'Ascension. Le soubassement du portail comprend différents tableaux qui racontent l'histoire de Job, de Jacob, de Joseph, de Judith, la parabole du mauvais riche et la vie de saint Romain. Son trumeau accueille le Christ. Les voussures sont occupées par des évêques, des rois et des prophètes. Son gable supérieur est dédié au Couronnement de la Vierge.

La grande rosace est formée de douze fenestrages, alternativement disposés pointe vers le centre et vers le périmètre du grand cercle. L'espace laissé vacant est formé de trilobes.

La tour-lanterne et sa flèche

L'archevêque Maurille fait ériger une « pyramide de pierre, connue sous son nom ». Elle a pu être détruite par la foudre en 1177, même s'il semble plus réaliste que sa destruction se rapporte à l'incendie de 1200 qui ravagea la cathédrale. Une nouvelle flèche est construite en charpente, dont Jean Dadré rapporte dans saChronique des archevêques de Rouen qu'elle était « d'une pique ou de 15 pieds plus haute que celle qui vient d'être incendiée ». Elle perdit sa croix et son coq lors d'un ouragan en 1353, remontés l'année suivante par le charpentier Pierre Viel. Au XVe siècle, sous l'occupation anglaise, la flèche de la cathédrale était faite d'une charpente en bois recouverte de plomb. Le plomb, importé d'Angleterre, recouvrait alors la plupart des églises de la ville.

Le 4 octobre 1514, à huit heures du matin, la flèche gothique dite « tour grêle » ou « l'Aiguille de Rouen » est détruite dans un incendie causé par des plombiers lors de restaurations. Détruite en moins d'une heure, la croix de fer qui la couronnait tomba sur la charpente et les voûtes du chœur, causant la destruction de quelques stalles. L'incendie, qui dura cinq heures, détruisit la flèche, les quatre tourelles alentour formant une couronne impériale et la tour maçonnée sur laquelle elle était élevée. Le 27 du même mois, des plans de reconstruction sont proposés au chapitre. Roulland Le Roux souhaite réaliser une flèche en pierre, mais se voit opposer un refus des chanoines. Pour la réédification d'une flèche à la croisée, Louis XII accorda la somme de 12 000 livres payables en six ans. La mort du roi l'année suivante et le sixième de la somme touchée, François Ier accorde par lettres patentes du 18 août 1517 sur dix ans les fonds pour compléter le don de son prédécesseur. Dès 1515, un beffroi en charpente y prenait place. En 1543, le beffroi provisoire est descendu et l'élévation de la nouvelle flèche commence le 13 septembre 1543 pour se terminer à la fin d'août 1544. De nouveaux étages sont reconstruits en style gothique flamboyant et une nouvelle flèche en bois recouverte de plomb de style Renaissance nommée « la pyramide » la coiffe. Cette flèche en charpente couverte de plomb doré est élevée par le maître-charpentier Robert Becquet. Le coût total de sa construction est de 7 000 livres. La croix de fer, haute de seize pieds et pesant 1 540 livres fut posée le 12 septembre 1544 et le coq de 28 livres le 12 octobre suivant. La hauteur totale de cette flèche du sol jusqu'à la crête du coq était de 396 pieds, dont 115 pieds et six pouces pour l'obélisque seul. La flèche subissant les dommages du temps et commençant à pencher, des travaux sont engagés pour s'achever en 1808 pour un coût de 30 000 francs. La foudre frappe la flèche le 15 septembre 1822 à cinq heures du matin. À sept heures, la flèche tombe.

L'architecte Jean-Antoine Alavoine présente ses premiers projets d'une flèche en fonte dès 1823. Il débute en 1827 avec le coulage des premières pièces. À la mort d'Alavoine en 1834, trois des cinq niveaux sont montés. Les pièces des deux étages supérieurs sont usinées et prêtes à être posées. Le chantier est repris par l'architecte Dubois secondé par Pinchon. La révolution de 1848 stoppe le chantier, qui se trouve suspendu en 1849 par le ministère des Cultes. Napoléon III décide en 1868 la reprise du chantier. La guerre de 1870 cause des problèmes financiers à l'achèvement de la flèche. La lenteur de réalisation de la flèche est due aux difficultés financières et aux différentes oppositions, parmi lesquelles Gustave Flaubert qui la qualifie de « tentative extravagante de quelque chaudronnier fantaisiste ». De nombreux artistes critiquent la flèche, comme c'est le cas pour Didron qui la qualifiera de « monstrueux accouplement du fer avec la pierre », tandis que Guy de Maupassant dansBel-Ami la décrit en ces termes « la flèche aiguë de la cathédrale, cette surprenante aiguille de bronze était laide, étrange, démesurée, la plus haute qui soit au monde ». Eugène Noël la voit comme « un chemin de fer vers le ciel ». La visite du président de la République Patrice de Mac Mahon en 1875 permet à la situation de se débloquer, tout comme la ténacité du chanoine Louis Robert. L'achèvement de la flèche est confié à l'architecte Barthélémy. Repris en mars 1876, la flèche est couronnée en novembre 1876.

Médaillon du premier clocheton posé sur la cathédrale comprenant sur sa tranche l'inscription : « CE MÉDAILLON A ÉTÉ OFFERT À L'ÉGLISE MÉTROPOLITAINE DE ROUEN PAR L'ARCHITECTE J.-E. BARTHÉLÉMY LE II FÉVRIER MDCCCLXXXI LD ».

À la fin 1876, Barthélémy propose la construction de quatre clochetons pour encadrer la flèche d'Alavoine. Approuvée en 1878, Ferdinand Marrou remporte le chantier. Le premier clocheton est posé en 1881. Un médaillon est à cette occasion disposé sous le pinacle du clocheton. En 1884, le chantier est achevé. Chaque clocheton, composé d'un corps principal octogonal et d'un pinacle pèse près de 30 tonnes et mesure 26,50 mètres. Ils sont composés d'une structure de fer recouvert d'un décor néogothique en cuivre repoussé.

Des désordres apparaissent sur la flèche en fonte dès 1939. Les bombardements de 1944 privilégient la sauvegarde de la cathédrale et retardent la restauration de la flèche. En 1974, des travaux de consolidation de la flèche sont entrepris par le doublement interne de la flèche en fonte par une structure en acier Corten. Mais le programme n'est pas conduit à son terme.

La tempête du 26 décembre 1999 entraîne la chute du clocheton nord-est sur la voûte et le chœur. Les trois autres clochetons ont été déposés en 2010. Ils ont été démontés, consolidés et sécurisés dans le hangar 108 sur la rive gauche. Les plus de 2 000 éléments, qui composent la structure et la décoration, ont été préparés en atelier. Après la repose du premier clocheton nord-est, la pose des trois autres clochetons a commencé le 1er octobre 2012.

En 2009, des études sont réalisées pour la restauration définitive de la flèche. Le projet, qui commence en 2016 et doit s'achever en 2022, est divisé en sept tranches. Il est financé par le ministère de la Culture et de la Communication pour un montant total de 14 500 000 €. Cette opération comprend la restauration des éléments de structure et de décor en fonte, la restauration de la structure en acier Corten, la réfection des liaisons d'assemblage entre les deux structures, la protection de la flèche par peinture de la structure en Corten en gris ou vert clair et des éléments en fonte en vert de gris selon la teinte d'origine. Cette opération comprend la flèche, le lanternon et son flècheton. La dalle du tabouret, au pied de la flèche, sera couverte de cuivre. Il est prévu une mise en valeur par l'éclairage de l'ensemble.

Le chevet

À l'extrémité de la cathédrale se trouve la chapelle de la Vierge. Ses fenêtres en arc brisé sont coiffées de gables compris entre les pinacles surmontant les contreforts. Le faîtage est marqué par la présence d'uneVierge dorée, réalisée en 1541 par Nicolas Quesnel. Le faîtage du chœur accueillait jusqu'à la fin du XVIIIe siècle une statue équestre en plomb doré représentant saint Georges terrassant le dragon. Sur le flanc sud du chœur, rue des Bonnetiers, se trouvent greffées des constructions du XIIIe siècle qui étaient des locaux à l'usage du chapitre comme la sacristie des chanoines, le revestiaire et le chartrier.

Intérieur

La nef

La nef reprend des éléments des parties romanes détruites par un incendie en 1200. Elle est composée de 11 travées, séparées par des piliers composés. Dans les quatre premières travées, les plus anciennes, les piles des grandes arcades de plan losangé comptent 16 colonnettes, tandis que le reste des piliers de la nef de plan circulaire en totalise 21 pour chaque pile. Elle est caractéristique du premier gothique parce qu'elle est construite sur quatre niveaux, contrairement au gothique postérieur qui n'en connaît que trois. Le revers de la façade comprend les tympans des baies de la coursière de l'étage découpés de rosaces polylobées, caractéristiques du premier gothique normand.

Son élévation comprend de grandes arcades brisées, les baies des fausses tribunes inscrites dans des arcs brisés qui communiquent avec le bas-côté. Contrairement à Notre-Dame de Paris, les tribunes n'ont jamais été réalisées, peut-être en raison d'une reconstruction plus tardive des collatéraux, supportés dès l'origine par des arcs-boutants, ou d'une volonté de l'architecte depuis le début du projet de marquer leur emplacement sans les réaliser, comme c'est le cas pour la cathédrale de Rochester. L'intention d'établir un niveau de tribune est admise par Alain Erlande-Brandenburg tandis que Lindy Grant fait remarquer la présence d'une vaste baie latérale appartenant au premier projet dans les bas-côtés de la première travée occidentale qui est incompatible avec des tribunes. Le triforium est souligné par un bandeau de trèfles. Les sept premières travées sont inscrites sous des arcs de décharge surbaissés, tandis que les quatre suivantes prolongent le réseau des fenêtres hautes dans le style rayonnant. Les fenêtres hautes et agrandies vers 1370 sont composées de quatre lancettes deux par deux sous trois roses, exception faite de la fenêtre du début du XIIIe siècle à trois lancettes sous une rose dans la première travée nord.

Les voûtes d'ogives de plan barlong possèdent des clefs ornées de feuillages. La quatrième clef de voûte accueille une Vierge à l'Enfant tandis que la dernière reçoit un agneau pascal surmonté d'une croix signée « Durandus me fecit ». La chaire en fer forgé et cuivre doré est une réalisation de Raymond Subes.

Près de la croisée du transept, des épitaphes au sol sont dédiées à saint Maurille, archevêque de Rouen qui achève la construction de la cathédrale romane en 1063, à Guillaume d'Estouteville dont le cœur est déposé près de son prédécesseur et à Sibylle de Conversano, épouse du duc Robert II de Normandie :

  • Épitaphe de Maurille

« HIC AD.AQVILONEM.IN.PACE.QYIESCIT BEATAE.MEM.MAVRILLIVS ARCHIEPISCOPVS.ROTOMAGENSIS ILLA.QVI.SUPERIOREM.BASILICAM IN.SUBTERRANEIS.QVIDEM.AD.HVC.SVPERSTITEM PERFECIT.CONSECRAVITQUE ANNO.M.L.XIII ET.OBIIT.ANNO.M.LX.VII EO.PONTIFICE.NORMANNI.GVILLELMO.DVCE ANGLIA.POTITI.SVNT »

  • Épitaphe de Guillaume d'Estouteville

« IN.PROXIMO.COR.EST.RECONDITVM GVILLELMI.CARDINALIS.DE.ESTOVTEVILLA ARCHIEPISCOPI.ROTOMAGENSIS ROMAE.QVI.OBIIT.ANNO.M.CD.LXXXIII EO.PONTIFICE.AB.OMNI.CRIMINE NON.QVINTEL.AN.M.CD.LVI VINDICATA.EST.IONNA.DE.ARC »

  • Épitaphe de Sybille de Conversano

« SIBYLLA.DE.CONVERSANA APVLLEM.ORTV QVAM.DVCIT.VXOREM ROBERTVS.BREVIS.OCREA.DICTVS NORMANNORVM.DVX INVICTI.FILLIVS.GVILLELMI.CONQVISITORIS ACERBA.NIMIS.MORTE.PRAEREPTA POST.BIENNIVM.CONVBI AN.M.C.II GENTIS.OLIM.DELICIVM.DEIN.DESIDERIVM NVNC.CINIS SERIVS.REVICTURA »

La tour Saint-Romain

Le premier niveau de la tour forme une salle basse contenant le baptistère. La potence et le couvercle des fonts baptismaux, œuvres de Ferdinand Marrou, sont en fer forgé avec un décor végétal dans le style du XIIIe siècle. Dans l'entrée se trouvent des statues d'Adam et Ève du XIVe siècle prélevées en 1911 du revers de la façade occidentale. Il s'y trouve également une statue de la Vierge à l'Enfant des XVIIe et XVIIIe siècles, provenant de l'hôpital de Beaucaire et offert par l'archevêque Fuzet ainsi qu'une plaque commémorative de Cavelier de la Salle en marbre noir et bronze d'Alphonse Guilloux. La salle du baptistère est couverte d'une voûte d'ogives octopartite.

Le deuxième niveau est une grande salle à deux registres de fenêtres, également voûtée d'ogives octopartite, qui a la particularité d'avoir un pont qui devait permettre d'accéder à la nef de la cathédrale romane. Elle abrite le trésor de la cathédrale.

Au-dessus se trouve l'étage du beffroi qui renferme actuellement la plus grosse des cloches de la cathédrale, laJeanne d'Arc ainsi que le carillon avec son clavier, un clavier d'étude, deux anciens claviers, 3 anciennes cloches du premier carillon ainsi que le joug métallique de la premièreJeanne d'Arc, le premier battant de l'actuelleJeanne d'Arc ainsi que le battant brisé de laGeorges d'Amboise.

Les collatéraux

Ils se développent sur deux niveaux, les grandes arcades et les baies des tribunes, et voûtés d'ogives. Un tailloir en surplomb reçoit des colonnettes baguées qui supportent une coursière de circulation aménagée à la base des baies de tribunes jamais construites. Le troisième pilier sud présente sur son chapiteau des chimères et les têtes de Samson et Dalila.

Les chapelles sont ornées de piscines, éclairées de baies composées de quatre lancettes trilobées deux et deux, sous trois roses.

Pour le Jubilé de la Miséricorde, une porte a été créée et a pris place dans le collatéral nord entre les chapelles Saint-Jean et Saint-Sever. Cette porte en bois, réalisée par l'entreprise Lanfry, a été ouverte par l'archevêque de Rouen Dominique Lebrun le 13 décembre 2015. Elle est surmontée d'un crucifix avec un Christ en ivoire du XVIIe siècle et des statues de la Vierge et de saint Jean, peut-être du XVIe siècle.

Le transept

La croisée de transept accueille l'autel. La croisée, qui fait tour-lanterne, est composée de grandes arcades. Le premier étage est aveugle et comporte une coursière dans l'épaisseur des murs, derrière quatre arcatures pour chaque face. Un cordon souligné d'une frise de trèfles défoncée dans la pierre marque l'appui de la circulation. Des piles, baguées en leur milieu, divisent les baies. Les arcs géminés portent une rose à quatre feuilles. L'étage supérieur est éclairé. Suivant la même répartition que le niveau inférieur, il est également parcouru d'une coursière. Le tout est couronné d'une voûte octopartite. Les branches d'ogive partent pour moitié des angles, s'appuyant sur les chapiteaux des hautes colonnettes qui partent de la base des piles de la croisée. L'autre moitié s'appuie au niveau de la deuxième coursière, au milieu de chaque côté, sur des culs-de-lampe décorés de têtes de Christ.

De la croisée partent deux croisillons, donnant chacun accès à un portail. Les croisillons sont flanqués de deux bas-côtés sur lesquels s'ouvrent les chapelles orientées. Au-dessus d'un soubassement formé d'arcatures aveugles reposant sur un banc de pierre, les fenêtres des bas-côtés ont conservé leur forme du XIIIe siècle à deux lancettes sous un oculus.

Les revers des pignons sont décorés de fenestrages aveugles surmontés de gables abritant des statues sous des dais. Au-dessus, une claire-voie bordée d'une balustrade précède les grandes roses.

Le bras nord du transept est accessible par le portail des libraires (au sens ancien de « bibliothécaires »), c'est un portail réservé aux chanoines à l'origine, leur permettant de regagner en toute sécurité le quartier où ils résidaient au nord de l'édifice. La rosace, œuvre de Guillaume Nouel de la fin du XIVe siècle, est la seule des trois rosaces de la cathédrale à avoir conservé un vitrail. Tout comme celle de la façade ouest, son remplage a été détruit pendant la Seconde Guerre mondiale et restitué selon le modèle d'origine. On a remonté son vitrail déposé en 1939, représentant en son centre le Christ, entouré des apôtres, des symboles des évangélistes, d'évêques, de rois et de martyrs.

Le croisillon nord a la particularité d'être complété par un escalier monumental. Il est connu sous le nom d'« escalier des Libraires », car il donnait accès à la bibliothèque (la librairie en moyen français) du chapitre. Les deux premières volées sont construites en 1479 par Guillaume Pontifs. Les deux suivantes sont réalisées en 1788, pour accéder au nouvel étage des archives, tout en respectant le style gothique initial.

Le bras sud du transept est accessible par le portail de la Calende et donne accès à la place éponyme.

Deux tableaux sont accrochés contre le mur ouest :Mort de Joseph, peinture du XVIIIe siècle de Philippe Sauvan etLe Vœu de Marie Leszczynska du XVIIIe siècle, attribué à Natoire. Cette scène allégorique représente la reine, épouse de Louis XV, qui présente le dauphin Louis à la Vierge Marie.

Le chœur

Le chœur, légèrement désaxé vers le nord, compte cinq travées droites et une abside en hémicycle à cinq pans. Il s'élève sur trois niveaux : de grandes arcatures au tracé très aigu reposant sur des piles cylindriques, couronnées de chapiteaux à feuilles ornés de têtes recevant les ogives ; un triforium aveugle aux fines arcades aigües, souligné d'un bandeau décoratif tréflé ; des fenêtres hautes refaites à partir de 1430 avec au rond-point un réseau de style flamboyant. Les bases aplaties des piles monocylindriques sont dégagées par l'architecte Albert Chauvel. La clef de voûte du rond-point représente deux personnages assis. L'homme de droite, barbu, place la couronne sur celui de gauche, à l'allure plus jeune. Une chimère se trouve à leurs pieds. Quatre roses encadrent de part et d'autre les personnages.

Le jubé médiéval fermait le chœur à la croisée, dont quelques fragments sont conservés au musée départemental des Antiquités. En 1772, le projet de l'architecte Mathieu Le Carpentier est approuvé pour la réalisation d'un nouveau jubé, composé d'un portique ionique, comprenant six colonnes de marbre blanc qui soutient l'entablement, surmonté d'un Christ en plomb doré entre la Vierge et saint Jean. Il abritait deux autels : Sainte-Cécile à gauche avec une statue de sainte Cécile de Clodion et du Vœu à droite avec une statue de la Vierge du Vœu de Félix Lecomte. Démonté en 1884, certains éléments sont préservés.

Légèrement surélevé par rapport à la nef, il s'élève encore de quelques marches quand on s’approche du maître-autel. Celui construit par Sauvageot en 1890 disparaît dans les bombardements de 1944. Le maître-autel est une table de marbre vert serpentine de la Vallée d'Aoste, reposant sur les symboles des évangélistes, en plomb doré, sculptés par André Bizette-Lindet en 1955 surmonté d'un grand Christ en plomb doré du sculpteur Clodion, retiré des décombres en 1944. Les deux anges en bronze doré sont du sculpteur Caffieri, réalisés en 1766 pour l'église des chartreux avant d'être placés dans l'église Saint-Vincent en 1792.

Au pied des marches se trouve une inscription, à l'emplacement du monument funéraire contenant le cœur de Charles V.

« SVBTVS CONDITVR / COR / CAROLI V / FRANCORVM REGIS SAPIENTISSIMI / ANTEA DVCIS NORMANNIAE / QVI ECCLESIAM HANC METROPLOTANAM / VT PRAE CAETERIS VIVVS AMAVERAT / ITA MORIENS MELIORIS PARTIS SVI / HAEREDEM FECIT. / DEPOSITVM / ANNO REPARATAE SALVTIS MCCCLXXX / RECOGNITVM AC DENVO RECONDITVM / ANNO MDCCCLXII »

À la croisée de transept se trouve le maître-autel, installé après le concile de Vatican II, couvert d'un ornement brodé d'or, chape portée lors du couronnement de Charles X en 1824. Il y a également un lutrin pliant du XIVe siècle ainsi qu'une tapisserie d'Aubusson du XVIIIe siècle. Le mobilier, composé des grilles du chœur, du trône archiépiscopal, des sièges du sanctuaire et de la table de communion, est la réalisation de Raymond Subes en 1955.

Du 4 juillet au 23 octobre 2011, des travaux ont été réalisés pour achever l'aménagement du chœur lancé après-guerre. Ces travaux consistent au remplacement de l'estrade en bois à la croisée de transept par un planum en pierre de Massangis et l'installation d'un nouvel autel en bronze. L’autel a été conçu par l’architecte Pierre-André Lablaude et l’artiste Angelika Potier, et coulé en 2011 par la fonderie de Coubertin à Saint-Rémy-lès-Chevreuses. Le 23 octobre, les évêques de Normandie ont été présents pour la consécration du nouvel autel.

Le déambulatoire

Il ouvre sur trois chapelles rayonnantes séparées par une grande fenêtre. Le déambulatoire donne accès du sud au nord à la chapelle Saint-André / Saint-Barthélémy du Revestiaire, la chapelle de la Vierge et la chapelle Saint-Pierre-Saint-Paul. Comme le transept, des arcatures courent au soubassement et ménagent un passage à la base des baies qui conservent des vitraux du XIIIe siècle.

Les arcatures aveugles abritent des statues originales provenant de la façade de la cathédrale. Cinq autres statues, provenant des contreforts de la façade occidentale, ont été installées du côté nord du déambulatoire, après deux ans de restauration dans les Ateliers Legrand de Darnétal. Il semble y avoir deux statues de prophètes, un ange et deux statues de donateurs de la cathédrale. Ces statues du XVe siècle avec les 28 autres statues présentées dans le déambulatoire doivent à terme rejoindre le futur musée de l'Œuvre.

La chapelle Saint-André/Saint-Barthélémy du Revestiaire

La chapelle est fermée par une clôture de pierre légèrement incurvée, l'œuvre de Guillaume Pontifs exécutée en 1479 à la demande de l'archidiacre Philippe de La Rose et d'une porte de fer forgé. Elle ouvre à l'est sur la grande sacristie dite « sacristie des chanoines » et à l'ouest au Revestiaire (vestiaire des chanoines), éclairé par un oculus ouvert sur le déambulatoire, qui donne accès à une salle haute, ancien trésor et chartrier de la cathédrale, qui ouvre sur le déambulatoire par deux baies.

Le vitrail de la baie no 14 du XIIIe siècle représente la vie des saints Pierre et Paul avec en partie basse, dans deux quadrilobes, des vitraux du XIVe siècle représentant le martyr de saint André et saint Barthélémy. Les baies no 16 et 18 sont des vitraux réalisés en 1978 par Simone Flandrin-Latron.

La chapelle Saint-Pierre-Saint-Paul

Une inscription sur le mur est de la chapelle évoque le souvenir de Mathilde l'Emperesse, grand-mère de Richard Cœur de Lion et d'Henri le Jeune, dont les ossements ont été transférés dans la cathédrale en 1871, alors qu'ils reposaient auparavant à l'abbaye du Bec, où ils avaient été découverts. Ils ont été rapportés à la cathédrale par les soins d'Achille Deville et de l'abbé Langlois, directeur de la maîtrise de la cathédrale.

La chapelle abrite la tombe d'Henri de Bonnechose. Le cardinal de Bonnechose avait demandé à être représenté à genoux, tourné vers le maître-autel de la chapelle Saint-Pierre-Saint-Paul où avait été élue sa sépulture. L'œuvre est celle du sculpteur Henri Chapu. Il réalise une maquette à la fin 1889 qu'il expédie à Carrare. Il meurt sans pouvoir achever la traine de la cappa-magna. La statue est exposée au Salon de 1891 puis est mise en place. Le monument, dont le piédestal est l'œuvre d'Edmond Bonet, est inauguré le 23 mars 1893. Assise sur le socle, une grande statue de bronze, réalisation de Carlus, représentait la « France chrétienne ». Après guerre, seul l'orant de marbre blanc a été conservé et placé à l'entrée de la chapelle de la Vierge.

La baie no 13 contient dans une composition réalisée en 1980 par Sylvie Gaudin sept fragments de laLégende des Sept Dormants d'Éphèse. Les panneaux proviennent d'un vitrail qui se trouvait jusqu'en 1870 dans la baie d'une chapelle du collatéral sud.

Le retable du Grand-Saint-Romain provient de la chapelle du transept sud.

La chapelle de la Vierge

La chapelle axiale de la cathédrale est dédiée à la Vierge. Elle est constituée de trois travées droites et d'une abside à cinq pans. Elle est achevée entre 1305 et 1311. À son chevet se trouve un autel et un retable en bois sculpté et doré de Jean Racine (1643-1645), offert par la confrérie de la Sainte Vierge pour orner la chapelle axiale. Ils sont agrémentés d'une huile sur toile de Philippe de Champaigne (1629), l'Adoration des Bergers. Ce tableau a coûté à la confrérie 650 livres pour le peintre et 40 sous à un artiste rouennais pour l'achever.

Les baies qui possèdent des vitraux des XIVe et XVe siècles sont scandées par des faisceaux de fines colonnettes qui reçoivent les ogives : le remplage se poursuit sur les murs aveugles de la première travée. Les vitraux du chevet proviennent de l'église Saint-Vincent détruite en 1944, pour remplacer ceux du chevet de la chapelle disparus au XIXe siècle, consacrés à la Nativité et au couronnement de la Vierge. Les vitraux nord et sud, représentant les saints évêques de Rouen, sont remontés en 1951 par le maître-verrier Gaudin. Au nord, sont présentés dans la première fenêtre saint Marcellin, saint Maurice, saint Silvestre et saint Eusèbe. La deuxième fenêtre accueille saint Ouen, saint Ansbert, saint Godard et saint Filleul. Les fenêtres au sud représentent dans la première saint Romain, saint Évode, saint Victrice et saint Innocent et dans la deuxième saint Prétextat, saint Maurille, saint Rémi et saint Hugues.

La crypte

Arasée et comblée lors de la reconstruction du chœur gothique au début du XIIIe siècle, les premières preuves de l’existence de cette crypte sont apportées au XIXe siècle, par la découverte de vestiges dans la partie nord du déambulatoire et dans le bras nord du transept. Georges Lanfry démontra son existence dans les années qui ont suivi et la dégagea de ses décombres de 1931 à 1934. Dès 1935, la crypte dégagée permet la célébration de la messe. Pendant les travaux de restauration à la suite des destructions que la cathédrale a subies des bombardements de la Seconde Guerre mondiale, l'excavation de la crypte est entreprise. Elle est aménagée en 1956. C'est à ce moment qu'est découverte la crypte rectangulaire. Pour la conserver, une dalle en béton a été coulée sur laquelle repose le sol du chœur, permettant de conserver ces vestiges. La crypte rectangulaire conserve des chapiteaux datés des années 1150 qui seraient selon Lindy Grant des vestiges d'une reconstruction de la nef. La crypte rectangulaire était séparée du déambulatoire qui ouvrait sur trois absidioles rayonnantes. Un fragment conservé au musée départemental des Antiquités montre le pavage de la crypte au XIe siècle en pierre et marbre.

Une légende racontait avant leur découverte qu'il existait sous la cathédrale d'immenses souterrains et un lac sur lequel on naviguait en bateau.

Depuis octobre 2014, une plaque apposée à l'occasion du millénaire du baptême de saint Olaf, roi de Norvège, rappelle qu'il fut baptisé ici en 1014 an. Un reliquaire contenant un morceau d'os du bras y a été également déposée. En 2015, le reliquaire a été placé dans l'une des chapelles du bas-côté nord.

Les vitraux

Dès 1939, à l'initiative de Jean Lafond, historien du vitrail, la totalité des vitraux anciens sont déposés pour ne laisser en place que les vitraux du XIXe siècle, et envoyés pour l’essentiel dans la salle-basse du donjon de Niort. Au nord, deux chapelles du collatéral recèlent les vitraux les plus anciens conservés en place en Normandie. Ces vitraux de 1200 surnommés depuis le XIVe siècle « les Belles Verrières » sont célèbres pour leur couleur bleue « de Chartres ». Remontés après la création des chapelles vers 1270, plusieurs vitraux ont été assemblés dans deux baies plus grandes, no 51 et 53 et mélangent des scènes des vies de sainte Catherine, saints Sever d'Avranches et Sévère de Ravenne, saint Nicolas, saint Jean-Baptiste et saint Étienne.

La verrière des Sept Dormants d'Éphèse, encore en place dans une baie du collatéral sud en 1832, d'après un dessin d'Eustache-Hyacinthe Langlois est déposé vers 1870, dû à son mauvais état et une restauration de mauvaise qualité. Entreposée dans des caisses, des panneaux sont vendus. Quatre sont achetés au début du XXe siècle par des musées américains. Sept autres sont remontés en 1980, dans la baie no 13 de la chapelle Saint-Pierre-Saint-Paul, dans une composition contemporaine de Sylvie Gaudin.

Le vitrail dans le déambulatoire nord, baie no 9, auprès de la chapelle de la Vierge, racontant la vie du patriarche Joseph et offert par les tondeurs de drap, porte l'inscription dans un phylactère « CLEMENS VITREARIUS CARNOTENSIS M(E FECIT) ». Les parties inférieures des deux baies no 51 et 53 des chapelles où se trouvent les « Belles Verrières » sont garnies de vitraux différents, datés du XVe siècle, œuvre de Guillaume Barbe, maître-verrier de la cathédrale.

Au sud, les chapelles du collatéral ne recèlent pas d'anciens vitraux, car la plupart d'entre elles ont été détruites par les chanoines aux XVIIe et XVIIIe siècles pour attirer la lumière dans l'édifice assombri par ses anciens vitraux opaques. Les verrières actuelles de la majorité des chapelles du collatéral sud sont des œuvres contemporaines du maître-verrier Max Ingrand réalisées dans les années cinquante, comme pour la chapelle sainte Jeanne-d'Arc dans le croisillon sud.

Un vitrail de la première moitié du XIIIe siècle au nord du déambulatoire, offert par la corporation des poissonniers, raconte la légende de saint Julien l'Hospitalier qui inspira par ailleurs Flaubert dans son ouvrage intituléTrois contes.

Texte tiré de l'article Wikipédia "Cathédrale Notre-Dame de Rouen" et modifié le 23 juillet 2019 sous la license CC-BY-SA 3.0.

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  • Publié(e) le:
    23.08.2002
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    29.07.2014
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